Rouler aux biocarburants, c’est rouler bio : Faux
Les céréales, l’huile de palme ou le soja qui sont cultivés pour produire des agrocarburants ne sont pas produits en respectant les critères de l’agriculture biologique. Les agrocarburants sont produits avec des engrais chimiques, des pesticides et parfois même des OGM (maïs aux USA, soja au Brésil et en Argentine, etc.). Sans parler des nombreux problèmes sociaux et environnementaux (déforestation, perte de biodiversité, épuisement des réserves en eau, érosion des sols…) causés par les agrocarburants produits hors de l’Union européenne.
C’est pour éviter cette confusion que de nombreuses organisations choisissent de parler d’agrocarburants, c’est-à-dire des carburants produits à partir de denrées agricoles sur des terres cultivables, plutôt que de « biocarburants ».
Les agrocarburants permettent de lutter contre le réchauffement climatique : Vrai…
Si, et seulement si, l’agrocarburant a un bilan carbone positif. Pour cela, il faut qu’il y ait peu d’énergie utilisée pour le cultiver, peu d’énergie pour le produire et qu’il n’ait pas causé directement ou indirectement des déforestations. Notons que le recyclage des huiles usagées a un très bon bilan carbone mais ne représenterait que 0,02% des agrocarburants actuellement utilisés.
et Faux
80% des agrocarburants utilisés aujourd’hui ne produisent pas moins, mais plus de gaz à effet de serre que l’essence ou le diesel, si l’on tient compte des effets directs et indirects liés à leur production ! Les études s’accumulent et montrent que les « programmes agrocarburants » des États européens seront responsables d’un surplus d’émission de gaz à effet de serre équivalant à ce que produiraient 12 à 26 millions de voitures supplémentaires sur les routes d’ici à 2020.
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Les agrocarburants diminuent notre dépendance au pétrole
Vrai…
Une part des carburants fossiles utilisés est remplacée par des agrocarburants produits dans l’Union européenne.
et Faux
La dépendance au pétrole ne diminue pas, parce que la consommation européenne de carburant augmente beaucoup plus vite que la production d’agrocarburants. L’Union européenne importera donc plus de pétrole en 2020 qu’en 2010, même avec un taux d’incorporation de 9% d’agrocarburants dans les carburants traditionnels.
De plus, l’utilisation d’agrocarburants renforce fortement notre dépendance aux importations agricoles, qui sont très consommatrices en pétrole. Les agrocarburants ne sont pas une bonne diversification énergétique parce qu’il est plus dangereux d’être dépendant pour se nourrir que pour rouler. En 2010, 70% du colza européen a servi à produire du biodiesel et dans le même temps les importations d’huile végétale ont augmenté de plus de 60% (entre 1999 et 2010).
Dans la majorité des pays du Sud, les agrocarburants ne sont pas la bonne piste pour réduire leur dépendance énergétique parce qu’ils entrent en concurrence avec la sécurité alimentaire. De réelles énergies renouvelables doivent y être privilégiées pour l’approvisionnement énergétique (solaire, éolienne,…).
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Les agrocarburants n’ont pas d’impacts négatifs sur les populations pauvres des pays du Sud
Faux
Même avec une part d’agrocarburants dans l’essence ou le diesel comprise « seulement » entre 4% et 6% en moyenne pour l’UE, et atteignant près de 7% pour la France, les agrocarburants ont un bilan désastreux sur les droits humains dans les pays du Sud. La demande européenne crée un marché que les investisseurs prévoient très rentable, quitte à violer les droits à l’alimentation, au logement, à la santé, à un environnement sain.
On estime qu’entre 2001 et 2011, la production d’agrocarburants est responsable de près des deux tiers des accaparements de terres, qui représenteraient au total plus de 200 millions d’hectares dans le monde. Dans la plupart des cas, ces accaparements de terres fertiles ont été réalisés dans des pays souffrant de la faim et ont aggravé leur dépendance alimentaire. Les agrocarburants produits à grande échelle épuisent les sols, gaspillent l’eau et renforcent la volatilité des prix et la spéculation sur les produits agricoles.
Les agrocarburants ont été un élément clé de la crise alimentaire mondiale de 2008 où 40 pays ont été le théâtre d’émeutes de la faim. Aujourd’hui on estime à 1 milliard le nombre de personnes souffrant de la faim.
Oui, mais les agrocarburants, c’est quand même un bon début : Faux
La façon dont les agrocarburants sont soutenus actuellement par les politiques de l’Union européenne et de ses États membres ne constituent pas un bon début. Ces politiques de soutien coûtent cher (près de 3 milliards d’euros au niveau européen) et ne sont pas efficaces pour lutter contre le changement climatique et la dépendance au pétrole. |
L’UE n’importe que des agrocarburants durables : Faux
L’Union europénne a introduit des critères de durabilité pour répondre aux nombreuses critiques sur les agrocarburants. Malheureusement, ces critères sont à la fois limités et peu efficaces. Ils ne prennent pas en compte certains effets directs comme le gaspillage de l’eau, les pollutions ou les violations des droits humains. Mais surtout ils ne peuvent pas prendre en compte les effets indirects comme l’insécurité alimentaire, la déforestation ou la diminution de l’accès à la terre pour les petits paysans.
Il est impossible pour une entreprise qui produit des agrocarburants, de s’assurer qu’elle ne contribue pas indirectement au déboisement, à l’accaparement des terres ou à la faim.
En Europe, on n’importe pas d’huile de palme comme agrocarburant : Faux
L’Union européenne importe directement de l’huile de palme pour faire rouler nos voitures, c’est le cas de l’Italie. Mais l’UE importe aussi de l’huile de palme de manière indirecte : l’huile de colza européenne étant utilisée comme biodiesel, les entreprises agroalimentaires la remplacent par des importations d’huile de palme. Elle est importée d’Indonésie, de Malaisie et de plus en plus souvent d’Afrique, avec tous les problèmes d’accaparement de terres et de déforestation déjà observés.
Nous roulons donc de plus en plus au colza et nous mangeons de plus en plus d’huile de palme qui est mauvaise pour la santé. En effet, son hydrogénation utilisée dans l’agroalimentaire produit des acides gras trans nocifs pour la santé qui sont d’ailleurs interdits dans certains États comme le Danemark et le Canada.
Tous les agrocarburants sont à proscrire : Faux
Il n’y a rien à redire aux agrocarburants produits en Europe en fonction d’excédents agricoles temporaires, produits avec des pratiques agricoles durables, sans augmenter notre dépendance alimentaire et sans effet indirect. Ces agrocarburants sont aujourd’hui extrêmement rares et impliquent de revoir les objectifs européens de consommation. Les agrocarburants qui ne réduisent pas d’au moins 60% les gaz à effet de serre et qui ont des impacts directs ou indirects sur la déforestation et la sécurité alimentaire sont inacceptables et ne devraient pas être soutenus par les gouvernements. De plus, comme l’Union européenne est fortement dépendante des surfaces de terres fertiles hors UE pour se nourrir, la priorité de l’agriculture doit rester l’alimentation et la réduction de notre dépendance alimentaire. Dans ce cadre, il ne sera possible de produire que très peu d’agrocarburants acceptables et il ne sera pas possible de compter sur les agrocarburants pour remplacer le pétrole à large échelle. Une politique de mobilité durable doit viser prioritairement à réduire la demande de transport.
Oxfam le 17 Sept 2012
Bien d’accord avec vous !
La seule production de carburants (ou de méthane) acceptable est celle qui est issue de déchets. Méthaniser des lisiers est acceptable, méthaniser du maïs ensilé en plante entière est un scandale. Idem pour l’huile.
Par contre, je ne serais pas contre la production de chaleur (qui économise du pétrole ou de l’électricité) à partir de la combustion (incinération est vraiment trop mal perçu) maîtrisée de déchets triés: papiers et cartons gras (emballage alimentaire) certains plastiques, certaines graisses….
Idée d’article suivant: rouler électrique c’est rouler écolo?